Le 20 janvier 2011

Avis d’expert : “Le débat sur les retraites a sensibilisé les épargnants à la nécessité de se préparer en amont”

Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants, éditeur d’une enquête annuelle sur “Les Français, l’épargne et la retraite” analyse l’impact potentiel de la réforme des retraites sur les comportements d’épargne individuels et collectifs.

De quelle manière les épargnants perçoivent-ils la réforme des retraites ?
Le premier impact est psychologique. Ils ont pris conscience que la pérennité du système de retraite n’est pas assurée. A l’occasion de notre récente enquête d’opinion, une majorité de Français estimait même que le système pourrait faire faillite. Quant à leur vision d’avenir du système de retraite, ils plébiscitent une solution mixte couplant le système par répartition avec de l’épargne retraite collective en entreprise. C’est sans aucun doute la solution la plus adéquate, d’autant que les entreprises vont y trouver leur compte.

Pour quelles raisons les entreprises seraient-elles amenées à développer encore plus les plans d’épargne retraite collectifs ?
Il existe aujourd’hui une convergence d’intérêts entre les entreprises et les salariés pour préparer la retraite de ces derniers. En effet, une entreprise ne peut pas mettre à la retraite d’office un salarié avant ses 70 ans (cette limite était de 65 ans en 2009). De ce fait, si les entreprises veulent éviter un trop grand vieillissement de leurs effectifs, elles doivent aider leurs salariés à préparer leur retraite pour les inciter à partir avant, en mettant en place des plans d’épargne retraite collectifs. Cette démarche n’est pas encore généralisée en France, puisque seulement 12 % des entreprises ont adopté de tels dispositifs. En revanche, la sensibilisation est plus forte au sein des grandes entreprises (27 % des entreprises de plus de 500 salariés) et du secteur financier (40 %).

En quoi la réforme modifie-t-elle les stratégies de préparation à la retraite ?
Le débat sur les retraites a encore plus sensibilisé les épargnants à la nécessité de se préparer suffisamment en amont. Ils se sont également rendu compte que, même s’ils doivent travailler deux ans de plus, leur retraite sera longue et que le système par répartition ne suffira sans doute pas à leur assurer un train de vie décent jusqu’à la fin de leur vie. Un autre phénomène vient renforcer cette précarité : la proportion de retraités vivant seuls va croître du fait de l’augmentation des divorces. Ce phénomène devrait amener mécaniquement une baisse du niveau de vie des retraités puisque les dépenses communes (comme le logement) ne sont plus partagées. D’où l’absolue nécessité de se ménager des compléments de revenus pour la retraite.