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LE POINT SUR

Bientôt tous protégés ?


Longtemps, artisans et commerçants ont négligé leur protection, face aux frais de santé ou aux aléas de la vie. Une situation qui évolue depuis l’avènement des contrats Madelin et avec l’évolution du profil des professionnels.

Alors qu’une majorité écrasante des salariés bénéficient d’une complémentaire santé  (50 % sont couverts dans le cadre d’un contrat Groupe, et 45 % le sont à titre individuel),  artisans et commerçants restent très mal protégés.
Une situation qui s’explique à la fois par l’histoire, et par des considérations socio-culturelles et comportementales. Traditionnellement, les travailleurs non salariés (TNS) ont toujours été les parents pauvres de la protection sociale. Non seulement les remboursements de la sécurité sociale étaient à l’origine plus faibles que pour les salariés, mais de surcroît, ils ne bénéficiaient d’aucun avantage fiscal à souscrire une complémentaire. La loi Madelin met fin à cette situation en permettant aux travailleurs non salariés de déduire de leur bénéfice imposable une partie de leurs cotisations en frais de santé, prévoyance et retraite complémentaire.
Malgré cela, les TNS tardent à s’équiper… Sans doute parce que cela suppose un changement de mentalité de leur part. Les TNS pensent d’abord à protéger leur outil de travail, mais par leur personne. Est ancrée en eux l’idée qu’ils ne doivent compter que sur eux-mêmes, que le fruit de leur travail est le meilleur rempart contre la maladie, les aléas de la vie, ou les insuffisances des pensions de retraite.

Indépendants et optimistes

Par ailleurs, la notion d’arrêt de travail peine à entrer dans les mœurs des professionnels. Comme si elle était réservée dans leur esprit aux seuls salariés. «Pour que je m’arrête de travailler, il en faudrait vraiment beaucoup ! », témoigne Redhouane S.,  41 ans, gérant d’une entreprise de nettoyage. « Je suis d’un naturel plutôt optimiste. Je suis en bonne santé et mon travail me permet de mettre de l’argent de côté pour sécuriser mon avenir », poursuit-il. Redhouane a néanmoins souscrit l’année dernière Garantie Santé Côté Pro, pour protéger sa famille. « L’essentiel pour moi était de mettre à l’abri mes enfants et de faire face à leurs dépenses de santé. La déductibilité fiscale me permet par ailleurs de minimiser le coût de la mutuelle » précise-t-il.
Si Redhouane reste très représentatif de l’état d’esprit des commerçants artisans, les mentalités ont tendance à évoluer. Un nouveau profil de professionnels apparaît, qui comprend parfaitement l’intérêt du dispositif Madelin, et la possibilité de transformer des économies d’impôts en une protection accrue.

La santé, un outil de travail

« La loi Madelin a fait évoluer les esprits. Les professionnels ont notamment compris que leur santé est un outil de travail : bien se soigner est primordial si l’on ne veut pas que la maladie s’aggrave et impose finalement un arrêt de travail beaucoup plus long », analyse Aline Gilbert, en charge de Garantie Santé Côté Pro à la Caisse d’Epargne.
Enfin, la nouvelle génération de commerçants et d’artisans est d’autant plus encline à se protéger qu’elle n’est plus dans une logique de « sacrifice » absolu. Elle envisage plus facilement par exemple de prendre des vacances, de se faire remplacer en cas de maladie, etc. « Les professionnels ont davantage un profil de chef d’entreprise : ils acceptent de déléguer, ne se sentent plus irremplaçables. Ce n’est plus la personne qui symbolise le commerce », explique Aline Gilbert. Une évolution favorable au développement des contrats frais de santé et prévoyance…

Publié en mars 2009