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LE POINT SUR

Vos stratégies face à la crise


A des degrés divers la plupart des commerçants et artisans  ont commencé à sentir l’impact de la crise financière. Comment réagissent-ils et quelles parades mettent-ils en place ?

Achats différés, carnets de commandes en berne… Les conséquences de la crise financière sont désormais palpables dans beaucoup de professions. Les consommateurs ont resserré les cordons de la bourse, les propriétaires qui avaient engagé des travaux tardent à les payer, ceux qui avaient demandé des devis d’embellissement pour leur maison repoussent toute décision. Une situation qui a déjà commencé à poser des problèmes de trésorerie à beaucoup… « On rencontre notamment beaucoup d’artisans qui ont d’énormes difficultés à se faire régler auprès des particuliers. Certaines factures restent impayées parfois depuis un an. Ce qui leur pose des problèmes aigus de trésorerie », témoigne Thierry Cathelot, conseiller Professionnels à la Caisse d’Epargne d’Auvergne-Limousin.

Une situation face à laquelle la profession ne reste pas passive, cherchant des parades.
« Les pratiques évoluent. Selon les recommandations des chambres des métiers, les artisans apprennent à mettre sur les factures des particuliers des délais de paiement, avec des pénalités de retard, comme ils le faisaient déjà sur le marché des entreprises.
Par ailleurs, ils exigent de plus en plus souvent des acomptes », poursuit Thierry Cathelot. D’autres cherchent à conquérir de nouveaux marchés, plus rentables, comme les marchés publics (cf le témoignage de Stéphane Pinet, électricien à Issoudun), ou font évoluer leur activité, comme ce vendeur de karting qui privilégie désormais la réparation aux ventes, l’activité dégageant de meilleures marges.

Un accélérateur de changement

La crise joue le rôle d’électrochoc et d’accélérateur du changement. Elle amène également à resserrer les liens avec le banquier… Les problèmes de trésorerie devenant plus aigus, la Caisse d’Epargne privilégie l’approche proactive. « Le découvert est depuis quelques années devenu un aspect essentiel de notre offre, car il répond à un besoin vital pour l’entreprise. Nous prenons aujourd’hui les devants. Il est toujours préférable de fixer avec le client une fois dans l’année ses besoins, quitte à les redimensionner en cas de nécessité, plutôt que de jouer les pompiers », insiste Thierry Cathelot.

Même son de cloche du côté d’Oséo, l’organisme qui propose aujourd’hui la transformation des crédits court terme en crédits moyen terme, pour aider les PME à passer la crise. « Il vaut mieux devancer les problèmes. L’intérêt des dispositifs que nous mettons en oeuvre aujourd’hui, et notamment de leur forte médiatisation, est de permettre de lever un tabou : on constate aujourd’hui que les chefs d’entreprises ont moins de réticences à aller voir leurs banquiers pour parler des difficultés qu’ils rencontrent et en particulier des problèmes de trésorerie auxquels ils sont confrontés », analyse Michèle Papalia, responsable des partenariats bancaires chez Oséo.


Témoignage de Stéphane Pinet, dirigeant d’une entreprise d’électricité (Issoudun Létrieix)

« On courbe le dos ! »

« Dans notre secteur, on ressent les effets de la crise depuis le mois de juin. Le 1er semestre 2009 sera très difficile. Après, cela ira mieux, car nous avons différents chantiers acquis, qui vont commencer. Le tout est de tenir jusque là…

Heureusement, j’ai anticipé les choses. Le marché des particuliers étant de plus en plus atone, je me suis positionné sur les appels d’offres publics, ce qui nous permet d’ores et déjà d’avoir une bonne charge de travail pour 2009 et 2010. Parallèlement, j’ai initié un système de parrainage avec des professionnels d’autres corps de métier. Quand l’un de nous est demandé sur un chantier, il recommande les autres. Cela permet à tout le monde de multiplier les contacts.

Par ailleurs, j’ai consacré beaucoup de temps en 2008 à rationaliser les achats, à négocier avec les fournisseurs, ce qui m’a permis de dégager plusieurs milliers d’euros à l’année. Je peux donc être beaucoup plus compétitif sur les appels d’offres. Enfin, j’ai mis en place avec ma banque, depuis deux ans, des cautions de marché me permettant de dégager de la trésorerie. Tout ceci fait que l’on tient plutôt bien le coup, dans un contexte extrêmement tendu ».

 

Publié en mai 2009