Le 01 mars 2010

Jeunes et patrimoine : priorité à la résidence principale

Malgré des disparités en fonction de l’âge ou des revenus, les jeunes se préoccupent de plus en plus de leur patrimoine, en commençant par la résidence principale. La transmission entre générations constitue l’une des clés de voûte de la constitution du capital des jeunes. L’analyse de Florence Legros, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine.

« La structure du patrimoine des 25 / 34 ans est très différente en fonction de l’âge, des revenus et de l’appétence au risque. Chez les plus modestes, on trouve essentiellement des livrets d’épargne, tandis que les plus fortunés se tournent d’abord vers leur résidence principale, ensuite vers l’assurance vie et les valeurs mobilières. En moyenne, la résidence principale domine. Elle représente environ 40 % du patrimoine pour la tranche d’âge 25-45 ans.

Comme pour les autres tranches d’âge, la composition du patrimoine est également intimement liée à la notion de risque. Par exemple, à revenu équivalent, les enfants de commerçants et de chefs d’entreprise ont moins d’aversion au risque et donc des patrimoines qui comprennent davantage d’actions. Les enquêtes de l’Insee nous montrent une forte progression de la valeur du patrimoine chez les jeunes, environ 28 %, entre 1997 et 2003. Il est probable que cela doive être attribué majoritairement à la hausse du prix de l’immobilier durant cette période. Ce qui apparaît clairement en revanche, c’est le rôle déterminant que joue la transmission entre générations dans la constitution du patrimoine. Les legs comptent presque autant que le niveau de revenu pour expliquer les disparités de patrimoine.

Retraites : les jeunes anticipent davantage que leurs aînés
Ce que nous montrent également les enquêtes, comme celle du Cercle des épargnants, c’est la montée de la préoccupation des jeunes concernant leur retraite : 70 % des 25 / 34 ans se déclarent inquiets, ce qui les conduit à davantage anticiper que leurs aînés. On peut donc penser que l’épargne en vue de la retraite pourrait progresser. Ce peut être sous forme d’épargne salariale, ou encore via les Perp ou les Perco, qui sont encore peu impactés. L’une des raisons, en ce qui concerne le Perp, est que les produits en rente souffrent d’un biais bien connu : ils sont peu attractifs pour ceux qui sous-estiment leur espérance de vie, ce qui est souvent le cas, surtout des jeunes. Il semble que les 25 / 34 ans préparent leur avenir en se constituant un capital, et notamment un capital immobilier, ce qui n’est peut-être pas une mauvaise stratégie. »

Pour aller plus loin :
Consultez l’observatoire Caisse d’Epargne 2009