CULTURE GÉNÉRALE SUR L’ÉPARGNE

Même lorsque l’on confie la gestion de son épargne à un professionnel, il est toujours bon de développer une certaine « culture générale » de l’épargne. Les mouvements de conjoncture conditionnent les comportements financiers, à travers l’évolution du couple rendement-risque. De même, il n’est pas inutile de garder en tête certaines règles d’or : diversifier ses placements et bien sûr s’informer, mais également choisir son épargne en fonction de l’usage que l’on veut en faire.


Les déterminants de l’épargne

Pourquoi épargne-t-on ? Notamment pour disposer plus tard d’un certain pouvoir d’achat. En théorie, deux visions s’opposent. La première considère que la rémunération de l’épargne est déterminante. Autrement dit, on renonce d’autant plus à consommer aujourd’hui si la valeur attendue de son épargne apparaît élevée pour demain. La seconde met en avant les choix de consommation, l’épargne n’étant que la part résiduelle du revenu. Dans la pratique, les choses sont plus complexes. Le cycle de vie joue un rôle essentiel : une population jeune s’endette et épargne peu, une population mature au contraire accumule du patrimoine. La confiance dans l’avenir est également essentielle : une population qui anticipe une dégradation future de ses revenus (à cause du chômage ou d’une baisse prévisible des prestations retraite) épargnera davantage qu’une population qui a confiance dans son économie et dans ses revenus futurs. Ainsi, les Américains épargnent peu, alors que les Français sont plutôt « fourmis » dans l’âme, avec un taux d’épargne de 15,8 %. Plus précisément, les épargnants français sont guidés par trois sortes de motivations : 

> Être autonome

Cette préoccupation de long terme vise à se constituer un patrimoine pour compenser, par une épargne individuelle, la baisse de la prévoyance collective. « C’est une forme de sécurisation pour l’épargnant en vue de faire face à un accident de vie personnel ou professionnel, à une prise en charge prolongée des enfants, à une baisse de ses revenus au moment de la retraite (notamment par l’achat d’un logement) ou à une hausse de ses dépenses en fin de vie », explique Alain Tourdjman, directeur Etudes, veille et prospective BPCE.

> Se rassurer face à l’avenir et affronter le quotidien

Il s’agit de se ménager un matelas de sécurité qui puisse servir en cas de coup dur ou de changement imprévu. Elle reflète des besoins de très court terme - « joindre les deux bouts » - mais aussi de moyen terme - « ne pas être pris au dépourvu ». 

> Réaliser des projets et améliorer son confort de vie

Cette épargne peut être motivée par une raison précise (achat d’un véhicule) mais s’insère souvent dans une optique de moyen ou long terme : devenir propriétaire, financer les études de ses enfants…

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Conjoncture et comportements d’épargne

Les flux d’épargne sont déterminés par l’évolution du rendement et du risque des différentes classes d’actifs, les investisseurs cherchant à maximiser le premier et minimiser le second. Mais les flux d’épargne agissent également sur les marchés financiers en amplifiant certaines tendances ou au contraire en les compensant, à travers une réallocation des fonds. En période d’optimisme, on ose plus facilement prendre des risques pour trouver un meilleur rendement. « En revanche, dans un contexte de forte incertitude, les investisseurs préfèrent ce qu’ils connaissent le mieux et opèrent un repli sur les marchés qui leur paraissent les moins risqués», explique Alexandre Bourgeois, chef économiste adjoint chez Natixis. 

> Deux tendances majeures

Face à la crise, les épargnants ont ajusté leurs priorités et leurs préoccupations. Deux tendances majeures se dessinent. En premier lieu, la perception du risque s’exacerbe en ce qui concerne la situation personnelle de l’épargnant : la constitution et la détention d’un patrimoine revêtent une importance accrue comme gage de sécurisation face aux aléas. Ainsi, en janvier 2009, selon l’Observatoire Caisse d’Epargne, la constitution d’un patrimoine est considérée comme un objectif prioritaire par 38 % des 25-34 ans (soit 9 points de plus qu’en 2001) et 34 % des 35- 44 ans (soit 10 points de plus qu’il y a 8 ans).

En second lieu, une autre préoccupation transversale, celle de la solidarité familiale, prend une importance croissante depuis plusieurs années et se trouve exacerbée par le contexte de crise. « Aujourd’hui, l’épargnant veut non seulement assurer sa propre autonomie mais aussi protéger et aider l’ensemble de sa sphère familiale, explique Alain Tourdjman. Avec la crise, face à la remise en cause des critères purement financiers de choix d’actifs, le critère d’utilité intergénérationnelle d’un placement a pris une place d’autant plus importante que le destin social des enfants apparaît fragilisé. » Les attitudes à l’égard de la transmission ont également évolué. Lorsque l’on demande aux épargnants s’ils veulent « transmettre le plus possible à leurs enfants », « laisser ce qui restera lorsque l’on aura bien vécu » ou « leur donner ce qu’il faut pour les aider dans la vie », on constate qu’ils sont de plus en plus nombreux à opter pour cette dernière réponse.

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L’allocation d’actifs

Les choix de placements sont déterminés par les motivations d’épargne, mais ils sont également fonction d’autres critères plus objectifs comme l’ouverture ou l’aversion au risque, le rendement… Autant d’éléments sur lesquels le contexte économique et financier a une influence. En 2008, la crise a profondément modifié les comportements des épargnants en termes d’allocation des ressources, dans le sens d’une recherche de sécurité et de disponibilité. Premières victimes, les marchés d’actions qui, du fait de l’aversion au risque, ont connu une année 2008 particulièrement difficile. « Les investisseurs se tournent vers les placements qui bénéficient d’une signature de qualité (comme les bons du Trésor) et ceux qui sont les plus liquides », estime Marc Riez, président du directoire de la Banque Privée 1818, entité du Groupe BPCE. Mais cela n’a pas permis de compenser la baisse enregistrée sur les autres valeurs mobilières.

Ces arbitrages tactiques ont répondu à une logique d’adaptation rapide et de captation des opportunités du marché, entraînant une explosion de la collecte de certains livrets réglementés (livret A, LDD). Certes, l’aversion au risque a joué en faveur des livrets, mais il faut y voir surtout l’effet de rémunérations attractives qui ont atteint, pour le livret A et le LDD, 4 % en 2008. Cet engouement pour les livrets ne peut être extrapolé à 2009, prévient Alain Tourdjman. « Les taux d’intérêts sont actuellement dans une logique baissière. En outre, la crise a exacerbé le besoin des épargnants de sécuriser leurs projets de vie à long terme ». Or les placements à court terme, comme les livrets, sont insuffisants pour répondre efficacement à des attentes de long terme. En effet, les besoins stratégiques liés à ces temps longs perdurent et les grands équilibres dans les choix de placements financiers ne sont guère bouleversés. Même si les ménages montrent une plus forte aversion au risque et un plus grand attrait pour la liquidité, ils continuent à procéder à leurs arbitrages en fonction de quatre critères (taux, risque, durée et fiscalité) dont la hiérarchie, elle, reste stable.

D’ailleurs, lorsque l’on interroge les Français sur leurs orientations de placement envisagées pour les mois à venir, on constate, début 2009, une progression des produits bien rémunérés, quitte à ce qu’ils soient bloqués quelques années, au détriment des placements totalement disponibles, mais à faible rémunération. De ce fait, les livrets et l’immobilier devraient pâtir de la conjoncture en 2009, alors que l’assurance vie devrait retrouver des couleurs après le coup d’arrêt de 2008 et en partie restaurer son image de produit « tout terrain » qui permet de répondre aux projets long terme des épargnants, et aussi de choisir parmi une large palette d’actifs.

 

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Les grands principes de l’épargne

> Personnaliser

Il n’y a pas deux personnes identiques tout comme il n’existe pas de placement miracle qui réunisse toutes les qualités (liquidité, sécurité, rentabilité…). En revanche, le meilleur placement pour vous, c’est celui qui répondra à vos besoins tout en ménageant vos contraintes. D’où l’intérêt de ne pas négliger l’étape préliminaire et incontournable du bilan patrimonial qui vous permettra justement de hiérarchiser vos priorités et vous orientera vers les solutions financières, juridiques, fiscales et immobilières les mieux adaptées à votre profil d’épargnant.

> Diversifier et respecter les durées conseillées

Diversifier ses placements permet d’équilibrer son patrimoine, ainsi moins exposé aux risques du marché. Si vous n’investissez que dans la pierre, par exemple, vous pouvez être sévèrement touché par une crise immobilière, car la valeur de vos actifs baissera et vous ne consentirez à les vendre qu’avec retard. Cela suppose également de diversifier ses horizons de placement, car chaque actif suit un cycle particulier. Les actions se valorisent essentiellement sur le long terme alors que les produits de taux sont plus intéressants à court terme. De même, il faut aussi diversifier ses placements en termes de liquidité et de disponibilité, car certains supports (comme les produits retraite) ne permettent qu’une sortie en rente viagère.

> S’informer

Le domaine de l’épargne est loin d’être figé. Les rendements des actifs évoluent souvent, parfois brutalement, ce qui nécessite de faire des arbitrages. Par ailleurs, l’intérêt de certains produits d’épargne réside surtout dans les avantages fiscaux auxquels ils vous donnent droit. Or d’année en année, et au gré des lois de finances, l’environnement fiscal se modifie. Même si vous êtes accompagné par un spécialiste en gestion de patrimoine, essayez de vous tenir toujours au courant, en lisant la presse ou en consultant régulièrement des sites internet, comme celui de la Caisse d’Epargne, qui vous propose des actualités et des avis d’expert (accessible sur : www.caisse-epargne.fr/actualitespatrimoniales).

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