Femme pull rose

#FemmesDeTalent : Angélique de Rocquigny, créatrice de lingerie confortable et élégante

Rencontre avec Angélique de Rocquigny, fondatrice de la marque Cœur de Lys et Candidate au Prix Rose de l’Entrepreneuse 2018.

#Femme de Talent : Angélique de Rocquigny

Candidate au Prix Rose de l’Entrepreneuse 2018, Angélique de Rocquigny est la fondatrice de la marque Cœur de Lys qui propose de la lingerie adaptée aux femmes ayant subi une mastectomie.

Entrepreneure dans l’âme, elle porte une vision de l’économie fondée sur l’utilité à la société.

Rencontre énergisante avec une femme de talent et d’audace. 

Angélique de Rocquigny, créatrice de lingerie
« J’étais déjà entrepreneure avant mon cancer»

Pourquoi avez-vous créé la marque de lingerie Cœur de Lys ?

J’ai eu un cancer du sein à 40 ans, avec une mastectomie immédiatement suivie d’une reconstruction mammaire. A l’hôpital, on m’a expliqué que je devrais désormais porter des soutien-gorge spéciaux et on m’a présenté des espèces de bustier que même la grand-mère de ma grand-mère n’aurait pas imaginé porter !

Et qui avec ça, coûtait un prix exorbitant. Ce n’était pas possible. Je me suis dit : pas grave, je vais aller dans des boutiques de lingerie classique et me trouver un truc sans armature, sans couture, en matière naturelle et pas trop laid. Je ne pensais pas demander la lune, mais apparemment si. Donc, je n’avais plus qu’à monter ma propre ligne de lingerie !

Aviez-vous imaginé avant cela, de devenir entrepreneure ?

J’étais déjà entrepreneure avant mon cancer. Je m’étais positionnée dès le début des années 2000 sur le marché naissant de l’identité olfactive des lieux de prestige et créais des produits d’accueil pour les hôtels de luxe.

Mais au fil des années, mon activité était devenue très contrainte par de nouvelles normes obligeant tous les producteurs de cosmétiques à s’entourer de docteurs en biologie et autres profils de professionnels de très haut niveau que ma TPE n’avait pas les moyens de recruter. Mais je suis entrepreneure dans l’âme, je cherchais donc un nouveau business à lancer… quand je suis tombée malade.

Après m’être soignée, je n’envisageais pas de faire autre chose que de créer à nouveau. 

Avez-vous rencontré des difficultés pour lancer l’affaire Cœur de Lys ?

Je dois dire que je n’ai pas été très bien accueillie par le milieu, très fermé, de la lingerie. Dans les salons, les pros ne me prenaient pas au sérieux avec mes histoires de coton bio et de lingerie à la fois confortable et élégante. Ensuite, il y a eu la question du financement : la loi sur le droit à l’oubli qui permet aux personnes passées par une maladie grave de ne pas faire connaître leur situation médicale au banquier et à l’assureur, c’est bien, mais il faut attendre 10 ans après sa rémission pour la faire valoir. Je n’avais pas le temps.

Donc, en tant que cliente de longue date de la Caisse d’Epargne Côte-d’Azur, je suis allée voir mon conseiller et je lui ai dit sans détour que j’avais besoin de 50 000 euros. J’étais accompagnée par le réseau Initiative, ce qui est un gage de confiance pour un banquier, mais je sais que c’est avant tout la confiance qu’il a placé en moi qui l’a décidé à me suivre sans hésiter. 

temoignage-entreprise

Et pour la commercialisation des produits Cœur de Lys, comment vous y êtes-vous pris ?

Le bouche-à-oreille a fait la première partie du boulot : la Ligue contre le cancer dont j’avais rejoint les rangs comme militante a contribué à faire connaître mes produits auprès du public cible. Puis je suis partie, avec mon bâton de pèlerin, faire le tour des boutiques, des pharmacies et même des salons d’esthétique et de coiffures qui accepteraient d’être revendeurs : un, puis deux, puis trois, puis dix et aujourd’hui plus de 100 points de vente ont pris mes produits. J’ai aussi une boutique en ligne.

Une récente étude sur ma clientèle m’a permis de constater que plus de 30% des femmes qui achètent la lingerie Cœur de Lys n’est pas malade et ne l’a pas été.

Cela me conforte dans la conviction que nous répondons à un vrai besoin de toutes les femmes : le droit au confort ET à la féminité, non exclusifs l’un de l’autre. Avec tout ça, j’ai la fierté de doubler mon chiffre d’affaire chaque année depuis le lancement de la boîte en 2014.

Qu’est-ce qui vous manque aujourd’hui pour franchir une nouvelle étape dans le développement de Cœur de Lys ?

Ce qui me manque depuis le début : la médiatisation. Bien que j’aie remporté le prix coup de cœur du Salon international de la lingerie 2016, force est de constater que pour les médias, je ne suis pas une bonne cliente : on préfère montrer soit des malades en situation pathétique soit des malades ultra-résilients qui ne parlent pas des galères…

Je ne suis ni l’un ni l’autre : je suis une femme qui a eu un cancer, qui a en guéri, qui a la pêche mais qui ne tient pas sa langue dans sa poche s’il faut dire que parfois c’est dur, pour dénoncer des injustices et surtout pour imposer son propre discours sur la maladie comme sur l’entrepreneuriat.

Moi, je crois en l’énergie positive, en la solidarité humaine, en l’entreprise utile à la société, aux écosystèmes de producteurs locaux de matériaux naturels (et si toutes les grosses boîtes s’y mettaient, on y gagnerait tous, entrepreneurs comme clients finaux), au droit des femmes à vivre leur féminité comme elles le veulent, à tout âge et en toutes situations de vie… 

Le Prix Rose de l’Entrepreneuse

Angélique de Rocquigny a fait partie des candidates au Prix Rose de l’Entrepreneuse 2018 dont la Caisse d’Epargne est partenaire. Organisé par Rose Up (anciennement Rose Association), une organisation notamment connue pour le magazine hautement qualitatif qu’elle distribue gratuitement à des femmes malades du cancer, ce prix récompense, valorise et encourage les femmes qui se lancent dans la création d’entreprise après un cancer.

Il contribue ainsi à lutter contre la stigmatisation et les discriminations dont les personnes malades ou ayant été malades subissent en même temps qu’il propose des rôles modèles positifs à toutes les femmes.