Quelle place pour les critères ESG dans le financement des start-up ?
L’ESG comme indicateur de pérennité
Longtemps considérée comme un sujet d’image, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises est désormais au cœur de l’appréciation de la performance. Les critères ESG sont là pour mesurer la durabilité dans tous les sens du terme : comment une entreprise peut-elle garantir son développement sans intégrer dans son équation économique la préservation et le développement positif de son écosystème ?
La RSE est un véritable investissement. Le niveau d’investissement dans des modèles économiques d’avenir est un indicateur majeur de la capacité de l’entreprise à se projeter dans le temps long
Valérie Derambure, directrice RSE au sein du groupe BPCE.
Répondre à des besoins insatisfaits par des innovations pertinentes
La question de l’impact social et environnemental intéresse tout particulièrement l’économie de l’innovation puisque, par définition, les entreprises innovantes ambitionnent d’apporter des réponses nouvelles à des besoins essentiels.
Or, en tête des besoins essentiels actuels, se trouvent les réponses aux défis environnementaux, mais aussi aux grands enjeux démocratiques et sociaux tels que le développement des individus et des compétences, le sens du travail et de l’économie, la coopération, l’inclusion, le leadership responsable…
« Trois convictions portées de longue date par les Caisses d’Epargne rejoignent les préoccupations de premier plan de notre époque : l’importance du social, la question de l’emploi raisonné des ressources planétaires et la responsabilité du monde du travail dans l’amélioration globale des conditions de vie », synthétise Valérie Derambure.
L’enjeu du capital humain
Les critères ESG sont aussi là pour matérialiser une conscience de ce que représente le capital humain dans la stratégie d’une entreprise innovante. En effet, start-up et scale-up doivent attirer des talents rares, mais aussi les motiver et les fidéliser. En l’espèce, la rémunération ne fait pas tout, surtout auprès de générations sensibilisées aux questions sociales et environnementales. Il est désormais essentiel pour faire fructifier son capital humain de prendre des engagements RSE, d’inscrire l’extrafinancier dans son business model et de piloter sa feuille de route stratégique avec une attention équivalente portée aux indicateurs d’impact comme aux indicateurs économiques plus classiques. « La demande des collaborateurs vis-à-vis de leur employeur se répercute dans la demande qui nous est faite, à nous, banquiers, par les entreprises. Elles veulent une banque engagée, et ce que nous faisons à l’intérieur de notre propre organisation, en tant qu’entreprise et en tant qu’employeur, les intéresse aussi », explique Valérie Derambure.
Défis et opportunités pour les entreprises de nouvelle génération
Pour les entreprises, la dimension ESG représente une série de défis :
- La question environnementale oblige non seulement à penser des innovations répondant à l’urgence climatique, mais aussi à mettre en place un cycle de production le plus vertueux possible d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur (préservation des ressources naturelles, limitation des émissions de carbone, de gestion des déchets, de prévention de l’obsolescence, de réemploi des matières premières en fin de cycle de vie du produit…)
- Les questions sociale et sociétale interpellent directement la culture de l’entreprise et son éthique, et trouvent leur expression à travers « l’expérience collaborateurs », la marque employeur, l’inclusion (et en son sein la mixité de genre) …
- La question de la gouvernance interroge le modèle d’organisation, les qualités du leadership, les processus de prises de décision, les relations entre les parties prenantes ainsi que les capacités d’adaptation et de transformation de l’entreprise que ses dirigeants doivent y insuffler.
Ces défis représentent des opportunités en ce qu’ils impulsent de véritables dynamiques d’innovation globale, dépassant largement le sujet du concept de produits ou services différenciants, pour donner à ces entreprises une envergure disruptive impactant toute l’économie.
Comment les acteurs du financement accompagnent-ils la vision ESG des
start-up ?
Les acteurs du financement évaluent la qualité ESG des start-up, mais contribuent aussi à soutenir les ambitions des entreprises en termes d’impact environnemental et social.
Pour la partie concernant les investisseurs, les fonds vont s’appuyer sur l’analyse d’agences de notation expertes de l’ESG afin d’identifier les points forts de chaque business model et ceux qui gagnent à être renforcés. Une attention toute particulière sera portée au « G » (de « gouvernance ») car « c’est sans doute le plus structurant dans une stratégie ESG », explique Charles-Henri Aulagner, directeur du pôle ESG Sales chez Scope Group.
Pour la partie financement bancaire, il existe des solutions consacrées à l’investissement dans des bâtiments et équipements « verts ». On peut aussi évoquer les fonds de dette destinés au financement de grands projets à impact, comme par exemple le fonds ENR-CE, abondé par les quinze Caisses du réseau Caisse d’Epargne. Ou encore le Prêt à Impact, qui soumet une bonification du taux à l’atteinte d’objectifs ESG et prévoit, en option, le reversement de tout ou partie de cette bonification à des acteurs associatifs de l’écosystème dans lequel l’entreprise financée s’inscrit.