Témoignage de Sophie Jalabert : Bien accompagner les créateurs d’entreprises avec BGE

Rencontre avec Sophie Jalabert, Déléguée générale du réseau BGE.

Pourquoi faut-il se faire accompagner quand on crée une entreprise ? 

Être accompagné par un réseau spécialisé permet de sécuriser la réussite de son projet par l’acquisition de compétences entrepreneuriales. Notre rôle est de transmettre des connaissances et d’équiper les entrepreneurs pour qu’ils soient capables d’évaluer la rentabilité et la faisabilité de leur projet, de positionner leur produit sur le marché, d’identifier les différents interlocuteurs, d’accéder à des financements, d’attirer et de fidéliser des clients, etc.

Y a-t-il des profils d’entrepreneurs qui ont davantage besoin que d’autres d’être accompagnés ? 

Nos statistiques montrent qu’il n’y a pas de déterminisme social : on a des entrepreneurs de tous horizons, de tout niveau de diplôme, de toutes origines familiales, de tous âges… Et des taux de pérennité à trois ans qui varient très peu (autour de 80 %) selon les différentes variables de situation initiale.

Si l’on ne constate pas de déterminisme en ce qui concerne la réussite, les besoins, eux, varient en fonction des individus. C’est pourquoi nous travaillons selon la logique « une personne, un parcours », en proposant des accompagnements adaptés aux besoins spécifiques de chaque entrepreneur.

Quelles sont les questions que les personnes qui ont envie d’entreprendre se posent trop peu, selon vous ? 

La question de la protection sociale, par exemple, est souvent « oubliée ». Or, l’entrepreneur va devoir anticiper la maladie, le risque de rupture d’activité, la retraite… Dans l’élan enthousiaste de la création, il n’a pas forcément envie d’y penser. Pourtant, c’est essentiel, pour lui en tant que personne, comme pour sécuriser l’entreprise. Il va donc falloir apprendre à acheter sa protection sociale. Cela, on ne l’a appris ni à l’école ni dans aucun programme de développement professionnel qui ne soit spécifiquement destiné aux professions libérales ou aux entrepreneurs.

Une autre question que les entrepreneurs doivent absolument se poser, c’est celle de leur rapport au risque et à la prise de décision. On entre ici dans le vaste sujet des compétences du chef d’entreprise : il ne suffit pas de savoir faire son métier, il faut aussi développer des qualités de manager, constituer et entretenir un réseau, être capable de dialoguer avec des interlocuteurs à la culture et aux intérêts différents (du banquier aux fournisseurs, en passant par les organismes de collecte, l’expert-comptable etc.).

Quelle est votre méthodologie pour faire émerger tous ces questionnements et définir les profils d’entrepreneur ? 

La méthodologie BGE repose sur une idée fondamentale : une personne = un parcours. Nous commençons par étudier la cohérence entre la personne et son projet, ce qui permet de soulever un certain nombre de questions. Ensuite, nous proposons des parcours adaptés aux besoins des entrepreneurs, qui reposent sur une logique de transmission de compétences, de façon à donner les clés à l’entrepreneur pour que lui-même soit en mesure de se poser les bonnes questions.

Tout au long de l’accompagnement, nous mettons à disposition des entrepreneurs un panel d’outils numériques. Nous avons un simulateur de création d’entreprises, BGE Pro, qui permet à l’entrepreneur d’entrer par ses propres questionnements et de cheminer ensuite jusqu’à préciser son projet, identifier ses points forts et ceux sur lesquels il doit monter en compétences. Cet outil permet au futur créateur de toucher du doigt les impacts économiques de ses décisions en termes de chiffre d’affaires, de marges, de besoins de trésorerie et in fine de « reste à vivre ». BGE Pro permet de poser autant d’hypothèses que vous voulez et ainsi d’apprendre par le « faire ».

A l’issue du process, un business plan est généré. L’outil BGE Pro a été développé avec de nombreux partenaires, dont les banques, afin que le business plan que le logiciel génère réponde aux critères d’évaluation des banquiers. Nous avons ainsi pu construire des relations de confiance et de compréhension mutuelle avec les banques, notamment avec les Caisses d’Epargne. BGE Pro fait partie d’une plateforme de services en ligne, Mon bureau virtuel, qui permet à l’entrepreneur d’accéder à un espace dédié sur lequel il est possible de consulter de nombreuses ressources, de travailler et de suivre l’évolution de ses compétences consolidées, acquises ou à acquérir.

Quelles sont les étapes de l’accompagnement par BGE ? 

Premièrement, nous évaluons la cohérence entre la personne et le projet. Ensuite, l’entrepreneur est suivi par un conseiller-formateur au travers d’un accompagnement individuel personnalisé couplé à des formations collectives, en fonction de ses besoins. Le suivi permet d’accompagner l’entrepreneur dans les grandes étapes de la création de son entreprise, comme le montage du business plan, le choix du statut juridique ou encore la recherche de financements, dans une logique de transmission des compétences entrepreneuriales. Une fois l’entreprise créée, nous restons aux côtés du chef d’entreprise pour qu’il poursuive sa montée en compétences en fonction de ses projets et pour le guider vers la croissance.

Avez-vous des actions spécifiques en direction des femmes entrepreneures ? 

Chez BGE, un peu plus de la moitié des personnes accompagnées sont des femmes. Nous arrivons à cet équilibre sans communication particulière sur la thématique de l’entrepreneuriat féminin. Mais notre réseau s’est emparé de cette question il y a maintenant plus de trente ans. Les taux élevés de femmes dans nos publics sont sans doute liés à cet investissement de longue date et à la capacité des BGE à intégrer dans l’accompagnement les contextes liés à chaque personne.