Droits de douane : à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles

Dans une lettre inédite adressée à la présidente de la Commission européenne, 32 dirigeants des plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux ont réclamé des mesures pour garantir l’attractivité européenne, malgré les droits de douanes américains à venir. Explications.

Pfizer, AstraZeneca, Sanofi, Eli Lilly, Novo Nordisk, Sanofi, Merck, GSK ou encore Servier. La liste des industriels à alerter Ursula von der Leyen est longue. Sans un changement rapide de cap, l’Europe pourrait perdre jusqu’à 100 Md€ d’investissements dans les prochaines années. En cause ? La combinaison d’un climat réglementaire jugé trop complexe, d’une pression économique croissante sur les prix des médicaments, et d’une concurrence accrue, notamment des États-Unis. À eux seuls, les droits de douane américains à venir pourraient remettre en question 85 % des investissements européens prévus par les acteurs et 50 % de leurs dépenses en R&D. À très court terme, 16,5 Md€ pourraient déjà être redirigés ailleurs.

Le courrier dénonce une érosion continue des investissements en R&D et en production en Europe. En 20 ans, la part de l’Europe dans les ventes mondiales de médicaments est passée de 29,6 % à 22,7 %, alors que l’Amérique du Nord grimpe à plus de 53 %. Pour les signataires, le cadre actuel décourage l’innovation : prix trop bas, durée de protection de la propriété intellectuelle trop courte combinée à des délais de mise sur le marché trop longs. Autre sujet sensible : la nouvelle directive sur les micropolluants, qui vise le secteur pour les coûts de traitement des eaux usées. Les industriels y voient une mesure injustement ciblée. Le document pointe également les lourdeurs administratives, notamment dans la gestion des essais cliniques ou la fixation des prix des médicaments. En France, il faut en moyenne 461 jours pour qu’un traitement soit disponible après son autorisation, contre moins de 180 au Danemark et en Allemagne. Enfin, les acteurs réclament une protection renforcée de la propriété intellectuelle, alignée sur les standards américains. Alors que Bruxelles envisage de réduire la durée des brevets pour favoriser les génériques, la Big Pharma plaide pour une protection portée à 12 ans.

« Nous espérons travailler ensemble dans les semaines à venir pour assurer une transformation de ces propositions en réalité au bénéfice des patients de l’Europe et de son développement économique », concluent-ils. Un signal d’alarme lancé au moment où se joue l’avenir de la politique pharmaceutique européenne.

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Publié le mercredi 23 avril 2025

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