Téléconsultation médicale : après l’essor, la désillusion

Le dernier rapport de la Cour des comptes dresse un constat en demi-teinte du recours à la téléconsultation en France. Après le boom lié à la pandémie, la dynamique s’essouffle. Décryptage d’un outil dont l’usage reste encore marginal.
Intitulé « Une place limitée dans le système de santé, une stratégie à clarifier pour améliorer l’accès aux soins », le bilan ambitionne d’objectiver le niveau de recours aux téléconsultations dans l’Hexagone, d’analyser les raisons de sa stagnation, et d’interroger sur ses perspectives. Depuis leur remboursement par l’Assurance maladie en 2018, les téléconsultations peinent à s’imposer comme une solution durable. En 2023, en ville, elles ne représentaient que 2,2 % de l’activité des médecins omnipraticiens (médecins généralistes, homéopathes, acupuncteurs), et 2,1 % de celle des médecins spécialistes. Un chiffre qui tombe à 1,4 % si l’on considère les établissements hospitaliers. Des pourcentages faibles, loin derrière ceux observés au Royaume-Uni, en Espagne ou encore dans les pays nordiques.
Réticence des médecins malgré de nombreuses promesses…
Cette désaffection, qui tranche avec l’engouement observé en 2020, s’explique notamment par les réticences des médecins à intégrer durablement ces pratiques. Pour la Cour des comptes, « La tendance des médecins à réserver ces actes à leur patientèle et à la pratiquer principalement en situation de crise, comme alternative à la consultation au cabinet plutôt que comme une pratique intégrée […] explique pour partie leur reflux dans l’offre de soins ». Une défiance renforcée par l’émergence de plates-formes salariant leurs praticiens, perçues par certains syndicats comme déstabilisatrices pour le système de santé.
Optimiser le temps médical, éviter certains passages aux urgences, faciliter l’accès à des spécialistes concentrés dans les grandes villes : sur le papier, les promesses sont nombreuses. Et pourtant, le bilan n’est pas à la hauteur des attentes. Et pour cause : le profil type du patient téléconsultant demeure jeune et urbain, loin des zones sous-dotées ou des publics vulnérables ciblés par les politiques de santé. La juridiction financière de l’ordre administratif souligne, par ailleurs, plusieurs freins à son développement. À commencer par une distribution sans ciblage territorial des aides à l’équipement, le manque de pilotage stratégique ou encore la faiblesse de l’intégration dans les organisations locales de soins.
Des assises sont annoncées pour l’été 2025. Elles devront préciser la future place de la téléconsultation médicale. Car si elle ne remplacera jamais la relation de soin en face-à-face, bien utilisée, elle constitue un levier incontestable d’amélioration de l’accès aux soins pour les Français.
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Publié le mercredi 16 avril 2025
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