La franchise, un modèle ultradynamique pour entreprendre et croître rapidement

Rencontre avec Jean-Baptiste Gouache fondateur du cabinet Gouache, membre du Collège des experts de la Fédération française de la franchise et créateur du concours Passeport pour la franchise.

Quelles sont les grandes tendances du marché de la franchise ?

Les études de la Fédération française de la franchise (FFF) indiquent qu’au cours des vingt dernières années, le nombre de franchiseurs a été multiplié par plus de 3,5. Dans le même temps, le nombre de franchisés a été multiplié par 2,5. Dans ces chiffres, on lit d’abord le dynamisme du modèle de développement en franchise, puis le caractère de plus en plus concurrentiel du marché pour les franchiseurs.

Le dynamisme du modèle est confirmé par son déploiement dans tous les secteurs d’activité. À l’offre ancienne retail et restauration, il faut aujourd’hui ajouter tout le champ des services à la personne, qui a connu un essor considérable en franchise dans le sillage de la loi Borloo. On constate aussi que la franchise essaime dans l’artisanat et dans l’ensemble des professions réglementées (avocats, architectes, médecins, experts-comptables…). Il faut encore noter la montée en puissance des réseaux de franchise qui portent les valeurs de l’ESS.

Comment s’explique cette forte attractivité du modèle de développement en franchise ?

La franchise est un modèle qui bénéficie d’une excellente crédibilité parce qu’il a fait ses preuves d’efficacité depuis plusieurs décennies, et c’est en même temps un modèle agile qui fait la démonstration de toute sa modernité pour répondre aux besoins de notre époque.

Il répond, du côté des clients, au besoin de se référer à une marque tout en préservant un relationnel de proximité.

Du côté des franchisés, cela reste une des solutions privilégiées pour la reconversion d’anciens salariés dans l’entrepreneuriat. On voit aussi de plus en plus de multifranchisés et de plurifranchisés qui, en ouvrant plusieurs boutiques d’une même enseigne ou en développant des points de vente de différentes enseignes sur une même zone géographique, parviennent à constituer de véritables petits groupes et à écrire de belles histoires de réussite entrepreneuriale !

Et pour les franchiseurs, c’est un modèle qui permet de se développer au rythme du marché, de gagner rapidement en visibilité et de croître plus vite que dans des modèles plus classiques de croissance interne/externe.

La franchise répond à beaucoup de besoins de la société et de l’économie actuelles, car c’est un outil moderne et collaboratif qui permet à chacun de développer un projet au niveau d’ambition qui est le sien et au rythme qui lui convient.

Quels sont les nouveaux défis pour les franchiseurs ?

Un premier très grand défi est celui de l’image. Aujourd’hui, les atteintes aux marques sont rapides et difficiles à maîtriser. Le contrôle de l’image de marque passe par le celui de l’activité. Les dirigeants d’une entreprise conventionnelle ont normalement ce levier entre leurs mains. C’est un peu plus compliqué en franchise, où le contrat et le manuel opératoire peuvent certes poser des principes d’encadrement des modalités commerciales, mais jamais contrevenir au principe de l’autonomie du franchisé. Les documents contractuels qui lient l’enseigne aux franchisés sont de plus en plus précis, mais il faut aussi que les réseaux travaillent constamment à leur sensibilisation sur les enjeux et les risques en matière d’image.

Second défi important : la digitalisation des ventes. Traditionnellement, le franchisé d’une enseigne a une clause d’exclusivité territoriale. De ce fait, il pourrait considérer que lorsque « ses » clients font des achats en ligne auprès du portail de l’enseigne ou d’un autre franchisé qui expédie les produits sur son territoire, cela constitue une concurrence intramarque. L’entrée en vigueur, le 1er juin 2022, du nouveau règlement européen d’exemption des ententes verticales, répond à un certain nombre de questions sur les clauses de non-concurrence, les moyens de publicité en ligne ou l’e-commerce. Cela implique pour la plupart des réseaux la mise en œuvre d’un chantier d’actualisation des contrats. Et, là aussi, un important effort d’information et de formation auprès des franchiseurs.

Ensuite, il y a des défis plus classiques à relever, comme le recrutement de nouveaux franchisés ou la transformation de l’organisation des réseaux. Si ces défis ne sont pas nouveaux, les franchiseurs ont de plus en plus besoin d’y apporter des réponses en phase avec notre époque. Pour cela, il est essentiel qu’ils s’entourent des bons partenaires, avec lesquels ils vont pouvoir construire tout un parcours et toute une offre de services à leurs franchisés et futurs franchisés.

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui veut se lancer comme franchiseur ?

Franchiseur, c’est un métier. Et c’est un métier différent de celui d’entrepreneur. Mon premier conseil sera donc de se former à ce métier.

Il existe des formations spécifiques dispensées par la FFF. L’apprentissage se fait aussi auprès des experts qui ont l’expérience de l’accompagnement des réseaux de franchise : le cabinet d’avocat spécialisé, l’expert-comptable, le pôle franchise de la banque…

Jean-Baptiste Gouache, Fondateur du cabinet Gouache

Le monde de la franchise, c’est aussi un écosystème dans lequel il est pertinent de se rendre visible et de tisser des liens utiles au développement du réseau. C’est l’un des objectifs que nous poursuivons avec le concours Passeport pour la franchise : mettre en relation les futurs franchiseurs avec les points de contact incontournables de cet écosystème, braquer les projecteurs sur les projets les plus prometteurs et leur donner le coup de pouce qui va faire effet d’accélérateur.