Accès aux soins : l’offre continue de se dégrader
L’institut de sondage Ipsos vient de publier les résultats de sa dernière investigation menée auprès d’un échantillon de 1 500 Français, à la demande de la Fédération Hospitalière de France (FHF).
Premier constat : la distance entre le domicile du patient et le lieu de sa prise en charge est significativement plus importante qu’en 2019, l’année comparative considérée pour l’enquête. Médecin généraliste de ville, hôpital de proximité, maternité, service d’urgences, ORL… : hormis les pharmaciens d’officine et les dentistes – pour lesquels elle est inchangée – aucun service de soins ne fait exception. Paradoxalement, le service des urgences médicales est celui qui souffre le plus de cette évolution à la hausse, avec +8 minutes de temps de trajet par rapport à 2019. On note que les Français sont relativement conciliants puisqu’ils considèrent en moyenne ce temps comme acceptable, à l’exception de l’accès aux urgences jugé trop long. On note, par ailleurs, de grandes disparités selon le lieu d’habitation. Ipsos met ainsi en évidence une durée d’accès aux soins nettement plus importante pour les ruraux, avec +52 % par rapport aux urbains.
Ce constat est particulièrement marqué concernant les hôpitaux et services d’urgences, tout comme l’accès aux soins de médecins spécialistes. On remarque toutefois que les ruraux ne sont pas plus éloignés de leur médecin traitant ou de leur pharmacie habituelle que les citadins. Plus inquiétant, le délai d’obtention d’un rendez-vous médical a quasiment doublé en 5 ans pour certains soins médicaux. C’est le cas notamment du temps d’attente pour consulter un médecin généraliste, passé de 4 jours en 2019 à 10 jours en 2024. Conséquence logique de cette dégradation d’accès aux soins, l’institut pointe « une pression grandissante sur les urgences ». Ainsi 54 % des Français ont déclaré être allés dans un service d’urgence alors même que leur état de santé ne le justifiait pas, soit 12 points de plus qu’en 2019. Par ailleurs, dans près d’un tiers des cas, cette venue serait liée au refus de prise en charge non programmée par un médecin libéral.
L’étude permet, par ailleurs, de mettre en évidence une renonciation aux soins de plus en plus problématique en France. « Entre difficulté d’accès aux soins et difficultés économiques, ce sont plus de 6 Français sur 10 qui ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des 5 dernières années », déclare Ipsos avant d’en préciser les raisons. Arrive en tête le délai de prise de rendez-vous pour 50 % d’entre eux, devant les difficultés financières face à l’achat de médicaments pour 40 %. L’éloignement géographique complète le trio de tête pour un tiers des Français.
Le sondage met également en avant la détérioration des soins en hôpital. La FHF espère ainsi sensibiliser l’exécutif aux risques et conséquences pour les Français, en qualifiant la situation, ni plus ni moins, de « bombe à retardement ».
Enquête Ipsos pour la Fédération Hospitalière de France menée du 29 février au 6 mars 2024 auprès d’un échantillon de 1 500 Français représentatifs de la population française âgés de 18 ans et plus.
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Article publié le 3 avril 2024 – © Les Echos Publishing – 2024
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